mardi 1 avril 2008

La musique chaâbie, un riche patrimoine légué par nos aïeux

jeudi 18 mai 2006. [2006-05-18 08:31:37]

par Rosa Mansouri

M Mustapha Bouafia, professeur de musique chaâbie au conservatoire de musique et de déclamation lyrique de la ville d’Alger (selon l’ancienne appellation) et l’un des fondateurs de la fondation El-Anka, est interprète de ce genre musical, auquel il réserve une place privilégiée dans sa vie.

M. Mustapha Bouafia, que nous avons rencontré à la salle Ibn Khaldoun, a bien voulu nous entretenir de la musique chaâbie, notamment sur son évolution à travers les temps et les tendances de son développement actuel. Le Jeune Indépendant : La salle Ibn Khaldoun abrite depuis deux semaines des soirées consacrées à la musique chaâbie, dans le cadre du mois du patrimoine.

En votre qualité d’académicien, d’enseignant de musique, pourriez-vous nous entretenir de l’avenir de ce style musical en Algérie ? Mustapha Bouafia : Tout d’abord, permettez-moi de vous remercier de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer sur ce sujet dans les colonnes de votre quotidien.

Pour commencer, je préfère faire un bref historique sur cette musique traditionnelle algérienne. Cette musique a été véhiculée à travers les générations, grâce à l’un des pionniers de cette musique, Ishaq El-Mawcili, né en 767 et décédé en 850.

Il est considéré comme le plus illustre musicien de son époque. Il reçut une brillante formation. Il étudia les traditions, le Coran, les belles lettres et enfin la musique sous la direction éclairée de son père, le célèbre Ibrahim El-Mawcili.

Mais la grande révolution musicale se fera grâce au génie d’Abou El-Hassan Ali Ibn Nafîe, né en 789 et décédé en 857, surnommé « Zyriab », en allusion à un merle noir. Ce surnom lui a été donné en raison de son teint très brun, de la clarté et la fluidité de son parler ainsi que de la douceur de son caractère.

Cet esclave affranchi a été le principal créateur de la forme actuelle de la musique andalouse. Il est en quelque sorte le père des 24 noubas. Et c’est à partir de ce genre musical, qui continuera de connaître tout l’attrait qu’il mérite, que la musique populaire dite « chaâbie » a été extirpée et a commencé à se faire connaître, notamment grâce aux sacrifices consentis par de grands noms, comme Mustapha Enador (1874-1926), puis El-Hadj Mohamed El-Anka, El-Hadj M’Nouer, Khelifa Belkacem, El-Hadj M’rizek, El-Hadj Bouchiba et, même si c’est à un degré moindre, El-Hadj Omar Mekraza, El-Hadj Boudjemaâ El-Ankis et El-Hadj Hacène Saïd.

Cette musique a de tout temps su comment ressurgir pour préserver et protéger cet héritage. Tous ces noms que je viens de citer et bien d’autres encore que j’ai sans doute oubliés ont tous fait des sacrifices, au seul et unique profit de cette belle musique, afin de lui assurer un avenir grandissant et prometteur.

Le mérite de ces artistes est d’autant plus grand que la plupart d’entre eux, bien que dotés d’un niveau culturel appréciable et apprécié, n’ont pas fréquenté de grandes écoles et n’exerçaient, pour faire vivre leur famille, qu’un petit métier, un « gagne-pain » de plus, parce qu’il fallait faire face à la misère, aux nombreuses épidémies, mais aussi à la présence coloniale, sans pour autant se décourager.

II faut aussi reconnaître que ce succès est également dû aux efforts entretenus par le maître incontesté de la musique chaâbie, El-Hadj M’hamed El-Anka, qui en a été en quelque sorte le précurseur, ainsi qu’aux conseils que lui prodiguait cheikh Sid Ahmed Ibnou Zekri, proviseur du lycée franco-musulman de Ben Aknoun, et ce, sans pour autant diminuer du mérite reconnu aux autres grands noms de la chanson chaâbie de l’ancienne époque qui ont, chacun à sa manière, contribué à la vulgarisation de ce noble art.

Au passage, je n’oublierai, pas de rappeler qu’en 1932, El-Hadj M’hamed El-Anka avait été l’hôte de sa Majesté le Roi du Maroc, Sidi Mohamed Benyoucef, à l’occasion de la fête du Trône et au cours de laquelle une magistrale interprétation avait été donnée en présence de nombreuses personnalités triées sur le volet.

Ce témoignage vient à point nommé pour démontrer que cette musique a toujours été à son firmament. Elle exprime, quelque part, les sentiments d’une société en mutation exprimant son idéal du beau. Mais qu’est-ce qui se fait aujourd’hui pour cette musique ? Aujourd’hui, des efforts, même s’ils sont timides, sont entrepris par certains organismes d’Etat et privés, pour la préservation de ce riche patrimoine légué par nos aïeux.

Je salue et j’encourage l’initiative prise par l’Etablissement arts et culture, qui a eu l’idée de remettre au goût du jour cette couleur musicale, en créant le « printemps musical chaâbi ». Cela pour évoquer, peut-être, la belle printanière de chikh Kedouri Achouri Nedromi, qui a pour titre Qom ya mâachouki n’tnawlou b’kissène, un chef d’œuvre de la poésie chantée.

Ce patrimoine musical est-il préservé et conservé comme il se doit ? Je trouve votre question pertinente. En effet, pour préserver et conserver ce riche patrimoine, la responsabilité incombe à l’Etat, qui a les moyens de mettre en place les mécanismes nécessaires à l’encouragement de toutes les initiatives positives : enseigner, dès les classes du primaire, l’histoire de cette musique légendaire ; multiplier les écoles de musique, telles les conservatoires d’Alger, d’Oran, de Constantine, d’Annaba ; inciter la jeunesse à fréquenter les centres culturels et autres maisons de jeunes ; enfin, prévoir un encadrement de qualité, pour mettre un terme au bricolage qui nous colle à la peau.

A Alger, pour ne citer que cette wilaya, il faut reconnaître que des efforts sont entrepris dans ce sens, même si beaucoup reste à faire. Quant à l’apport de la société civile, il est de plus en plus prégnant, en témoignent les nombreuses associations culturelles et musicales qui ont pignon sur rue.

N’est-il pas, aussi, très encourageant de constater que même à travers les lointaines contrées du Sahara, de telles associations voient le jour ? Evidemment, les résultats recherchés ne consistent pas en le nombre d’associations existantes, mais en la qualité du travail qu’elles fournissent et la contribution qu’elles apportent au patrimoine culturel national.

Le rôle que doivent jouer ces nombreuses associations, ce n’est pas seulement d’animer des galas ou de rendre des hommages à des figures emblématiques de la chanson, mais aussi à dispenser et à développer un enseignement musical méthodique et de qualité et entreprendre un travail de recherche pour répertorier les anciens textes aujourd’hui disparus, assurer leur préservation et en authentifier les textes légués par nos aïeux et dont la transcription est très souvent mal interprétée par de nombreux mélomanes qui ne maîtrisent pas suffisamment la langue arabe, d’où les nombreuses « biate » restées incomprises, inexpliquées et donc déformées et souvent incorrectement interprétées.

Il existe pourtant bel et bien une fondation du nom de Hadj Mohamed El-Anka ? La préservation de la musique chaâbie, bien qu’elle soit tributaire de l’action de tout un chacun, gagnerait effectivement beaucoup à être soutenue par de telles associations.

Mais il faut savoir qu’elles ne disposent malheureusement pas, à l’instar de la fondation El-Anka, de moyens conséquents ou d’un siège digne de ce nom, ce qui les autorise très rarement à se manifester. Et il est aussi du devoir de l’Etat de contribuer à la mise en place de banques de données informatisées, capables d’assurer une bonne sauvegarde de ces milliers de textes légués par les poètes, depuis des siècles.

Qui sont les véritables interprètes des qacidates laissées par nos aïeux dans ce répertoire ? Il est vrai que trois styles sont aujourd’hui présents sur la scène artistique. En premier lieu, on peut parler des interprètes qui ont choisi le plus ancien genre, c’est-à-dire celui des qacidates classiques.

En deuxième lieu, citons les interprètes qui ont choisi d’opter pour la chansonnette, dont il faut souligner le grand mérite qui revient au regretté El-Hadj Mohamed El-Mahboub Safer Bati, célèbre poète et compositeur dont la biographie vient d’être publiée par notre ami Abdelkader Bendaâmache.

La troisième catégorie concerne ce qu’on appelle l’interprétation néo-chaâbie, créée par une bande d’amis, qui ont pour noms Allane, Meghraoui, Galiz et Yanes. Ces trois choix sont diamétralement opposés, même s’il faut avouer que pour la troisième catégorie, il s’agit plus d’un choix fait dans la précipitation.

Seriez-vous un adepte des anciennes interprétations, un conservateur ? Non. Pas du tout. Je n’aimerais pas être taxé de conservateur. Je veux juste préciser que ceux qui ont opté pour le néo-chaâbi auraient dû patienter et, surtout, se rapprocher des chanteurs traditionnels de chaâbi, pour prendre d’utiles conseils, à même de les aider à mieux concevoir leur genre musical.

Mais pour revenir à la première question se rapportant à l’avenir du chaâbi, je dirai que c’est à l’une de ces trois catégories que revient la lourde responsabilité de perpétuer l’ancien style d’interprétation des longs textes, les qacidates, et de veiller à passer correctement le témoin aux générations futures.

On parlait des noms des interprètes… Oui. Vous m’avez demandé de citer les noms des interprètes capables d’assurer une continuité dans ce genre. Comme tout le monde le constate, quelques noms émergent déjà de toute cette grande famille de chanteurs avérés.

Je n’aimerais pas les citer par crainte d’en oublier, car ils sont fort nombreux ; et c’est tant mieux pour les amoureux du chaâbi, le vrai. Une jeune relève est donc possible… Pourquoi pas ! Je répondrais même oui. Il n’y a qu’à recenser les nombreux adeptes du chaâbi qui fréquentent le conservatoire de musique et de déclamation lyrique de la ville d’Alger, ainsi que les centres culturels, les maisons de jeunes et les nombreuses associations qui consacrent une partie de leurs activités à ce genre musical.

Un dernier mot qui vous tient à cœur ? Je ne terminerais pas ma discussion sans souhaiter un prompt rétablissement et une longue vie à deux de nos célèbres interprètes aujourd’hui souffrants, El-Hadj Hachemi Guerrouabi et El-Hadj Hacène Saïd.

J’aimerais aussi vous citer une anecdote. Un jour, El-Hadj M’Hamed El-Anka, « que Dieu ait son âme », fut émerveillé, à la fin d’un cours de musique, de voir sa classe remplie d’élèves ; nous devions être, sans exagérer, plus de 60. Il nous avait dit ceci : « Vous savez, mes enfants, viendra le jour où chaque citoyen pourra lui-même animer sa fête. » C’était pour dire qu’une jeune et brillante relève est en train de bourgeonner.

Une relève à qui nous souhaitons un avenir prospère et une grande carrière, pour peu qu’elle soit entourée, encouragée et bien conseillée par ses aînés. Toujours à propos de « Ammi » El-Hadj, n’a-t-il pas dit, de son vivant, que « le chaâbi est la langue de toutes les mamans » ?

R. M.

samedi 29 mars 2008

Abdelhak Bourouba décroche le 1er prix du Festival national de musique chaabi au TNA

Des 34 concurrents de la clôture du Festival national de musique chaâbi qui s’est déroulé dans les derniers jours du mois de Ramadhan au TNA Mahieddine-Bachtarzi à Alger, ce fut Abdelhak Bourouba, un jeune chanteur algérois, qui a été l’élu du jury qui l’a consacré lauréat de l’édition 2007. C’est son indépendance quant à la voie d’interprétation du genre musical chaâbi ainsi que la bonne diction des textes et son respect de la rythmique qui lui ont valu le 1er prix.


Grandement mérité du reste, le premier prix lui a
été décerné par Khalida Toumi, ministre de la Culture.




























Voici un partie de la couverture de l'événement par la presse national:
(le soir d'Algérie - édition du 20/10/2007)
(El watan édition du 15/102007)
(Algérie capital de la culture arabe 2007)
(L'Expression Edition OnLine)
(Télévision algérienne)

Avec un qcid inédit auparavant, du poète idris el aalami, intitule sidi boukhd chrriq (voici un el matlaa) enchaîné par un khlas qalbi mouwalaa bi sahibi el ghamama que abdelhak bourouba a entepris le concure

تيه عقلى الفراق
آش يصبر على فراقو
هدوا تنين شقوا آمضيت من خلاقوا
كليت يا غزالى من حمل الشوق
يا من عن رسمى مفروق
حل باب رضاك المغلوق
برد الشوق فقتي بزين لخلوق
فيك النضرة عبادة و عشاقة
يا لى غيرك ميعشاق
كيف عشقتك و فنات من هواك خلقى
من غرامك سهران نفيق
و لا غيب التشويق
سيدى بهي لخلاق
زدة لقلبى تشواق
يا سراج رماقى
جود بمزارك عن لعشيق
سيدى بو خد شريق